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avez donné des fusils, et pourquoi vous nous faites aller à la chasse, si vous nous croyez assez sots, assez maladroits pour ne rien tuer.

Le papa.

C’est pour vous apprendre à chasser, petits nigauds, que je vous fais aller à la chasse. On ne tue jamais rien les premières fois : ce n’est qu’à force de manquer qu’on apprend à tuer. »

La conversation fut interrompue par l’arrivée d’Auguste, prêt aussi à tuer tout ce qu’il rencontrerait. Pierre et Henri étaient encore rouges d’indignation quand Auguste les rejoignit.

Pierre.

Papa croit que nous ne tuerons rien, Auguste ; nous lui ferons voir que nous sommes plus adroits qu’il ne le pense.

Auguste.

Sois tranquille, nous tuerons plus de gibier qu’eux.

Henri.

Pourquoi plus qu’eux ?

Auguste.

Parce que nous sommes jeunes, vifs, lestes et adroits, tandis que nos papas sont déjà un peu vieux.

Henri.

C’est vrai, cela. Papa a quarante-deux ans. Pierre en a quinze, et moi treize. Quelle différence !

Auguste.

Et mon papa à moi donc ! Il a quarante-trois ans ! Et moi qui en ai quatorze !