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sensible, la belle, avec votre graillon, vos casseroles à écurer et toutes sortes de saletés à manier.

La fille de cuisine, piquée.

Mon graillon et mes casseroles ne sentent toujours pas le fumier comme des gens que je connais.

Les domestiques.

Ah ! ah ! ah ! la fille est en colère ; prends garde au balai.

Le cocher.

Si elle prend le sien, je saurai bien trouver le mien, et la fourche aussi, et encore l’étrille.

Le cuisinier.

Allons, allons, ne la poussez pas trop ; elle est vive : vous savez, faut pas l’irriter.

Le cocher.

Tiens ! qu’est-ce que ça me fait, moi ? Qu’elle se fâche, je me fâcherai aussi.

Le cuisinier.

Mais je ne veux pas de ça, moi, madame n’aime pas les disputes ; il est bien certain que nous aurions tous du désagrément.

Le premier domestique.

Le Vatel a raison. Thomas, tais-toi, tu nous amènes toujours quelque chose comme une querelle. Ce n’est pas ta place ici, d’abord.

Le cocher.

Tiens ! ma place est partout quand je n’ai pas d’ouvrage à l’écurie.