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bien me soigner, et cette idée me donnera du courage. Et puis, maman, voulez-vous me permettre, quand elle sera lavée, de lui mettre quelques-unes de mes vieilles affaires jusqu’à ce que je lui en achète d’autres ?

La maman.

Certainement, ma petite Thérèse ; mais avec quoi lui achèteras-tu des vêtements ? Tu n’as que deux ou trois francs, tout juste de quoi payer une chemise.

Thérèse.

Oh ! maman, vous oubliez ma pièce de vingt francs.

La maman.

Celle que tu as donnée à garder à ton papa pour ne pas la dépenser ? Tu la conservais pour acheter un beau livre de messe comme celui de Camille.

Thérèse.

Je peux bien me passer de ce beau livre de messe, maman, j’ai encore mon vieux.

La maman.

Fais comme tu voudras, mon enfant ; quand c’est pour faire le bien, tu sais que je te donne une entière liberté. »

Sa maman l’embrassa, et elle alla avec elle pour voir cette petite fille que personne ne voulait toucher.

« Si elle a quelque maladie de peau que Thérèse puisse gagner, se dit-elle, je ne permettrai pas qu’elle y touche. »