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La maman.

Oui, Thérèse, vas-y ; ta bonne t’attend.

Thérèse.

Maman, voulez-vous me permettre de faire baigner à ma place la petite fille que nous avons amenée ici ?

La maman.

Quelle petite fille ? Je ne l’ai pas vue.

Thérèse.

Une pauvre, pauvre petite, qui n’a ni papa, ni maman, ni personne pour la soigner ; qui couche dehors, qui ne mange que ce qu’on lui donne. La grand’mère de Camille consent à la garder, mais aucun des domestiques ne veut la toucher.

La maman.

Pourquoi donc ?

Thérèse.

Parce qu’elle est si sale, si sale, qu’elle est dégoûtante ; alors, maman, si vous voulez bien, je la ferai baigner à ma place ; pour ne pas dégoûter ma bonne, je la déshabillerai moi-même, je la savonnerai ; je lui couperai les cheveux, qui sont tout emmêlés et pleins de petites puces blanches, mais qui ne sautent pas.

La maman.

Mais, ma pauvre Thérèse, toi-même ne seras-tu pas dégoûtée de la toucher et de la laver ?

Thérèse.

Un peu, maman, mais je penserai que, si j’étais à sa place, je serais bien heureuse qu’on voulût