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Thérèse.

Mais l’hiver, tu dois geler ?

La petite.

J’ai froid ; mais j’y suis habituée.

Thérèse.

As-tu dîné aujourd’hui ?

La petite.

Je n’ai pas mangé depuis hier.

— Mais c’est affreux, cela… dit Thérèse, les larmes aux yeux. Mes chères amies, n’est-ce pas que votre grand’mère voudra bien que nous donnions à manger à cette pauvre petite, que nous la fassions coucher quelque part au château ?

— Certainement, répondirent les trois cousines, grand’mère sera enchantée ; d’ailleurs elle fait tout ce que nous voulons.

Madeleine.

Mais comment faire pour la mener jusqu’à la maison, Thérèse ? Regarde comme elle boite.

Thérèse.

Mettons-la sur Cadichon ; nous suivrons toutes à pied au lieu de le monter deux à deux, chacune à notre tour.

— C’est vrai, quelle bonne idée ! » s’écrièrent les trois cousines.

Elles placèrent la petite fille sur mon dos.

Camille avait encore dans sa poche un morceau de pain qui restait de son goûter, elle le lui donna ; la petite le mangea avec avidité ; elle semblait ravie de se trouver sur mon dos, mais elle ne di-