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Pendant ces préparatifs, j’accompagnai l’officier dans la descente qu’il fit aux souterrains, escorté de huit hommes. Nous traversâmes un long corridor qui allait toujours en descendant, puis nous arrivâmes dans les souterrains où les brigands avaient établi leur demeure. Un de ces caveaux leur servait d’écurie ; nous y trouvâmes tous mes camarades pris de la veille, qui avaient tous une pierre à la queue. On les en délivra immédiatement, et ils se mirent à braire à l’unisson. Dans ce souterrain, c’était un bruit à rendre sourd.

« Silence, les ânes ! dit un gendarme, sans quoi nous allons vous rattacher vos breloques.

— Laisse-les dire, répond un autre gendarme : tu vois bien qu’ils chantent les louanges de Cadichon.

— J’aimerais mieux qu’ils chantassent sur un autre ton, » reprit le premier gendarme en riant.

« Cet homme, assurément, n’aime pas la musique, me dis-je à part moi. Que trouve-t-il à redire aux voix de mes camarades ? » Ces pauvres camarades ! ils chantaient leur délivrance.

Nous continuâmes à marcher. Un des souterrains était plein d’effets volés. Dans un autre ils avaient enfermé des prisonniers qu’ils gardaient pour les servir : les uns faisaient la cuisine, le service de la table, nettoyaient les souterrains ; d’autres faisaient les vêtements et les chaussures. Il y avait de ces malheureux qui y étaient depuis