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Madeleine.

Mais quand il n’y en aurait qu’une douzaine !

Élisabeth.

Une douzaine ? Quelle bêtise ! Tu crois que les voleurs marchent par douzaines comme les huîtres.

Madeleine.

Tu te moques toujours ! On ne peut rien te dire. Je parie, moi, que pour enlever treize ânes ils étaient au moins douze.

Élisabeth.

Je veux bien, moi, et le treizième par-dessus le marché comme les petits pâtés. »

Les mamans et les autres enfants riaient de cette conversation, mais comme elle dégénérait en dispute, la maman d’Élisabeth la fit taire, en leur disant que Madeleine avait très probablement raison quant au nombre des voleurs.

On se trouvait près de la maison, et l’on ne tarda pas à arriver. Lorsqu’on vit revenir tout le monde à pied, et moi, Cadichon, portant quatre enfants, la surprise fut grande. Mais, quand les papas racontèrent la disparition des ânes, mon obstination à ne pas les laisser chercher les bêtes perdues, les gens de la maison secouèrent la tête et firent une foule de suppositions plus singulières les unes que les autres ; les uns disaient que les ânes avaient été engloutis et enlevés par les diables ; les autres prétendaient que les religieuses