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Camille.

Je suis fâchée que nous ayons été à ces ruines.

Madeleine.

Pourquoi cela ? c’était très beau.

Camille.

Oui, mais très dangereux. Si, au lieu de prendre les ânes, les voleurs nous avaient tous pris ?

Élisabeth.

C’est impossible ! nous étions trop de monde.

Camille.

Mais s’il y a beaucoup de voleurs ?

Élisabeth.

Nous nous serions tous battus.

Camille.

Avec quoi ? Nous n’avions pas seulement un bâton.

Élisabeth.

Et nos pieds, nos poings, nos dents ? Moi, d’abord, j’aurais égratigné, mordu ; j’aurais crevé les yeux avec mes ongles.

Pierre.

Le voleur t’aurait tuée : voilà tout.

Élisabeth.

Tuée ? Et papa donc ! et maman ! Tu crois qu’ils m’auraient laissé emporter ou tuer !

Madeleine.

Les voleurs les auraient tués aussi.

Élisabeth.

Tu penses donc qu’il y en avait une armée ?