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Ils retournèrent vers les mamans, qui avaient empêché les enfants de s’écarter ; je les suivis, le cœur léger et content de leur avoir peut-être évité un terrible malheur. Ils causèrent bas, et je les vis se mettre tous en groupe : on m’appela.

« Comment allons-nous faire ? dit la maman de Louis. Un seul âne ne peut pas porter tous les enfants.

— Mettons les plus petits sur Cadichon ; les grands suivront avec nous, dit la maman de Jacques.

— Viens, mon Cadichon ; voyons combien tu en pourras porter, » dit la maman d’Henriette.

On commença par mettre Jeanne devant comme la plus petite, puis Henriette, puis Jacques, puis Louis. Ils n’étaient lourds ni les uns ni les autres ; je fis voir, en prenant le trot, que je les portais bien tous les quatre sans fatigue.

« Holà ! oh ! Cadichon, s’écrièrent les papas, tout doucement, pour que nous puissions tenir nos gamins. »

Je me mis au pas et je marchai, entouré de près par les enfants plus grands et les mamans ; les papas suivaient pour rallier les traînards.

« Maman, pourquoi donc papa n’a-t-il pas cherché nos ânes ? dit Henri, le plus jeune de la bande, et qui trouvait le chemin long.

La maman.

Parce que ton papa croit qu’ils ont été volés, et qu’il était alors inutile de les chercher.