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empêcher d’approcher de cette arche et des broussailles qui cachaient si bien l’entrée des souterrains, qu’il était impossible de l’apercevoir.

« Voici Cadichon ! s’écria Louis.

— Mais où sont les autres ? dirent à la fois tous les enfants.

— Ils doivent être ici près, dit le papa de Louis ; cherchons-les.

— Nous ferions bien de les chercher du côté du ravin, derrière l’arche que je vois là-bas, dit le père de Jacques ; l’herbe y est belle, ils auront voulu en goûter. »

Je tremblai en songeant au danger qu’ils allaient courir, et je me précipitai du côté de l’arche pour les empêcher de passer. Ils voulurent m’écarter, mais je leur résistai avec tant d’insistance, leur barrant le passage de quelque côté qu’ils voulussent aller, que le papa de Louis arrêta son beau-frère et lui dit :

« Écoutez, mon cher : l’insistance de Cadichon a quelque chose d’extraordinaire. Vous savez ce qu’on nous a raconté de l’intelligence de cet animal. Écoutons-le, croyez-moi, et retournons sur nos pas. D’ailleurs, il n’est pas probable que tous les ânes aient été de l’autre côté des ruines.

— Vous avez d’autant plus raison, mon cher, répondit le papa de Jacques, que je vois l’herbe foulée près de l’arche, comme si elle avait été récemment piétinée. Je croirais assez que nos ânes ont été volés. »