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Jacques s’approcha de mon oreille et me dit tout bas, en me caressant :

« Marche, mon petit Cadichon ; je t’en prie, marche. »

La confiance de ce bon petit garçon me toucha ; je remarquai avec plaisir qu’au lieu de demander un bâton pour me faire avancer, il n’avait songé qu’aux moyens de douceur et d’amitié. Aussi, à peine avait-il achevé sa phrase et sa petite caresse, que je me mis en marche.

« Vous voyez, ma bonne, il me comprend, il m’aime ! s’écria Jacques, rouge de joie, les yeux brillants de bonheur, et courant en avant pour me montrer le chemin.

La bonne.

Est-ce qu’un âne peut comprendre quelque chose ? Il marche parce qu’il s’ennuie ici.

Jacques.

Vous croyez qu’il a faim, ma bonne ?

La bonne.

Probablement ; vois comme il est maigre.

Jacques.

C’est vrai ! pauvre Cadichon et moi qui ne pensais pas à lui donner mon pain ! »

Et, tirant aussitôt de sa poche le morceau que