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je t’embrasse bien tendrement et tous ceux qui t’entourent….. Tout le monde t’embrasse. Quel temps magnifique pour ces coquins de Prussiens !

Le petit Armand a eu un nouvel accès de fièvre hier, mais pas fort ; la quinine prise ce matin la coupera, j’espère.

Grand’mère de Ségur.


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Kermadio, 8 octobre 1870.

Cher petit chéri, je voudrais bien avoir des détails sur ta vie et celle de tes sœurs et frère à V. ; t’amuses-tu ? Que peux-tu faire pour t’amuser ? As-tu des livres ? Peux-tu travailler ? Avec qui travailles-tu ? Et Jeanne, Paul, qui est-ce qui les fait travailler ? Quel âge ont les enfants de ton oncle ? Ce qui est triste, c’est que l’hiver se passera probablement sans que tu puisses rentrer au collège des Jésuites… Que je serais contente si tu pouvais être à Vannes ! c’est un si bel établissement, un air si sain, des promenades charmantes ; le Père M. devait y aller ; je ne sais pas s’il y est. — Le temps s’est enfin gâté cette nuit ; il pleut à torrents ; j’espère que ces abominables Prussiens sont trempés, traversés ; qu’ils vont tous périr, avec leur roi et leurs princes, et qu’ils seront ainsi punis de leurs barbares et sauvages traitements envers leurs malheureux prisonniers… Adieu, mon cher petit-bien aimé ; on m’attend pour porter les lettres ; je t’embrasse bien tendrement…


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