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Malaret, 1873, 20 mars.

Mon bon petit Jacques, je t’envoie avec plaisir ce que tu m’as demandé ; tu trouveras dans l’enveloppe de cette lettre 25 fr. au lieu de 10 fr. Chaque fois que tu auras besoin d’ar- gent, demande-le-moi ; je te remercie de t’être adressé à moi et je te demande de continuer ; c’est pour moi une petite compensation de ton absence, que de pouvoir venir à ton aide quand tu as besoin de mon secours. Je suis enchantée de te voir à ton retour des vacances de Pâques… Je vais bien et j’attends avec une vive impatience le jour où je t’embrasserai……. Tes cousins de Malaret sont en train de démolir leurs trois palais de lapins ; on leur vole leurs lapins : ces derniers six mois, ils en ont retiré 1 fr. 50 de profit net ; sur 19 jeunes, il y en a eu 18 de soi-disant morts, c’est-à-dire mangés par les voisins. Pour ne pas recommencer des soins si peu profitables, ils ont renoncé aux lapins. Louis fait de grands progrès depuis que M. L. leur gouverneur leur a donné l’amour du travail ; il a fait avant-hier sans fautes une version de baccalauréat ; dans un ou deux ans, il pourra passer son examen, à peu près en même temps que toi ; après quoi il travaillera pour Saint-Cyr. Voilà le projet. J’ai de bonnes nouvelles de Paul par ta tante Lydie qui va les quitter bientôt pour retourner en Russie…..Moi, je pars le 1er avril pour Montmorillon, passer trois semaines avec Élisabeth….. Adieu, mon petit chéri, je t’aime et t’embrasse bien tendrement ; que le bon Dieu te bénisse.

Grand’mère de Ségur.


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