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Malaret, 10 octobre 1871.

Mon cher petit Jacques chéri, je suis arrivée très heureusement et sans trop de fatigue, après avoir couché à Bordeaux. Figure-toi qu’à l’hôtel, que je trouvais si excellent, on m’a fait tout payer fort cher ; ainsi tu ne croirais pas que notre déjeuner de mardi a coûté 40 fr., et tu sais que nous n’avons eu que des choses fort simples et en quantité modérée. En revenant à Poitiers, je crois que j’essaierai d’un autre. Je me porte très bien ; j’ai vu Louis en descendant de wagon ; ta tante de Malaret, qui m’attendait à la gare, m’a menée tout de suite au collège ; le père V… (Recteur), qui est très bon, a permis que Louis restât avec nous pendant la promenade et jusqu’à l’étude ou la classe. Louis a beaucoup demandé de tes nouvelles et voudrait bien te voir ; il est très grand, un peu plus grand que toi ; il est très content au collège ; il a été cinquième (thème latin), après une interruption d’étude de cinq mois à cause de sa santé. Les eaux de Cauterets lui ont fait beaucoup de bien…..

Malaret est charmant et a de partout une vue admirable d’une étendue de plus de 25 kilomètres, avec les Pyrénées au bout de l’horizon. Embrasse bien mon petit Paul pour moi et donne-lui de mes nouvelles [1]. Il n’y a pas de gibier à Malaret ; quelques lapins et quelques cailles. Toi, tu ne t’y plairais pas beaucoup ; mais il y a beaucoup de voisinage très agréable ; des jeunes gens partout. Gaston commence à monter à cheval ; son père l’accompagne en tenant par une longe le cheval de Gaston ; ils trottent et galopent pendant une bonne heure ; ton oncle est très complaisant pour ses enfants ; il les accompagne et les mène à cheval ou en voiture quand ils veulent. Adieu, mon petit chéri, je

  1. Il était avec Jacques au collège de Poitiers.