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LES VACANCES.

vivement la manche de la sienne à la manche de celle de Jacques, et jetant sa veste dans le trou pendant qu’il tenait celle de Jacques :

« Prends ma veste, Sophie ; tiens-la ferme à deux mains. Aide-toi des pieds pour remonter pendant que je vais tirer. »

Jean, aidé du pauvre petit Jacques, tira de toutes ses forces. M. de Rugès les avait rejoints et les aida à retirer la malheureuse Sophie, dont la tête pâle et défaite apparut enfin au-dessus du trou. Au même instant, les vestes commencèrent à se déchirer. Sophie poussa un cri perçant. Jean la saisit par une main, M. de Rugès par l’autre, et ils la retirèrent tout à fait de cet arbre qui avait failli être son tombeau ; Jacques dégringola lestement jusqu’en bas ; M. de Rugès descendit avec plus de lenteur, tenant dans ses bras Sophie à demi évanouie, et suivi de Jean. Mme de Fleurville et toutes ces dames s’empressèrent autour d’elle ; Marguerite se jeta en sanglotant dans ses bras. Sophie l’embrassa tendrement. Dès qu’elle put parler, elle remercia Jean et Jacques bien affectueusement de l’avoir sauvée. Lorsque Camille, Madeleine et Léon revinrent, traînant après eux vingt mètres de corde, Sophie était remise ; elle put se lever et marcher à la rencontre de ses amis ; elle sourit à la vue de cette corde immense