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LES VACANCES.

que quelque chose d’extraordinaire se passait au moulin.

« Serait-il arrivé un malheur, et d’où peut venir cette agitation ? dit Mme  de Rosbourg.

— Approchons, nous saurons bientôt ce qui en est, » répondit Mme  de Fleurville.

Les enfants regardaient d’un œil curieux et inquiet. En approchant on entendit des cris, mais ce n’étaient pas des cris de douleur, c’étaient des explosions de colère, des imprécations, des reproches. Bientôt on put distinguer des uniformes de gendarmes ; une femme, un homme et une petite fille se débattaient contre deux de ces braves militaires qui cherchaient à les maintenir. La petite fille et sa mère poussaient des cris aigus et lamentables ; le père jurait, injuriait tout le monde. Les gendarmes, tout en y mettant la plus grande patience, ne les laissaient pas échapper. Bientôt les enfants purent reconnaître le père Léonard, sa femme et Jeannette.

« Voyons, ma bonne femme, laissez-vous faire, ne nous obligez pas à vous garrotter, disait un gendarme. N’y a pas à dire, nous avons ordre de vous amener : il faudra bien que vous veniez. Le devoir avant tout.

MÈRE LÉONARD.

Plus souvent que je viendrai, gueux de gen-