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se séparer ; ce dernier moment fut cruel. M. de Traypi arracha Jacques des bras de Paul et de Marguerite, sauta avec lui en voiture et fit partir immédiatement. Marguerite se jeta dans les bras de Paul et pleura longtemps sur son épaule. Il parvint enfin à la consoler, à la grande satisfaction de Mme de Rosbourg, qui la regardait pleurer avec tristesse.

M. DE ROSBOURG.

Ton petit ami est parti, ma chère enfant ! mais ton grand ami te reste ; tu sais comme Paul t’aime ; entre lui et moi, nous tâcherons que tu ne t’ennuies pas et que tu sois heureuse.

MARGUERITE.

Oh ! papa, je ne m’ennuierai jamais près de vous et de Paul, et je serai toujours heureuse avec vous, mais je pleure mon pauvre Jacques, parce que je l’aime ; et puis c’est qu’il m’aime tant qu’il est malheureux loin de moi.

M. DE ROSBOURG.

Mes pauvres enfants, c’est toujours ainsi dans le monde ; le bon Dieu nous envoie des peines, des chagrins, des souffrances, pour nous empêcher de trop aimer la vie, et pour nous habituer à la pensée de la quitter. Quand tu seras plus grande, ma petite Marguerite, tu comprendras ce que Paul comprend très-bien déjà : c’est que,