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moi-même ; j’imposerai plus à cette femme ; elle a déjà peur de moi et elle n’osera pas la maltraiter en ma présence. »

M. de Rosbourg alla lui-même prévenir Sophie de la visite qu’elle aurait à faire ; il acheva de la rassurer sur les pouvoirs de son ex-belle-mère. Pendant que Sophie mettait son chapeau et prévenait ses amies Camille et Madeleine, M. de Rosbourg faisait atteler d’autres chevaux au phaéton, et ils se mirent en route.

Quand Sophie rentra dans ce château où elle avait tant souffert, elle eut un mouvement de terreur et se serra contre son excellent tuteur, qui, devinant ses impressions, lui prit la main et la garda dans la sienne, comme pour lui bien prouver qu’il était son protecteur et qu’avec lui elle n’avait rien à craindre. Ils avancèrent ; Sophie reconnaissait les salons, les meubles ; tout était resté dans le même état que le jour où elle en était partie pour aller demeurer chez Mme  de Fleurville, qui avait été pour elle une seconde mère.

La porte de la chambre de Mme  Fichini s’ouvrit. Sophie fit un effort sur elle-même pour entrer, et elle se trouva en face de Mme  Fichini, non pas grasse, rouge, pimpante, comme elle l’avait quittée deux ans auparavant, mais pâle, maigre, abattue, humiliée. Elle voulut se lever quand Sophie