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PAUL.

« Marguerite, Marguerite, nous restons ; je ne te quitterai jamais. Mon père ne s’en ira plus ; nous travaillerons ensemble ; nous aurons une ferme ; nous serons si heureux, si heureux, que nous rendrons heureux tous ceux qui nous entoureront.

— Ah çà, tu es fou, dit Sophie en se dégageant des bras de Paul, qui, après Marguerite, l’étouffait à force de l’embrasser. Qu’est-ce que tu nous racontes de travail, de ferme, de je ne sais quoi ?

— Oh moi, je comprends, dit doucement Marguerite en rendant à Paul ses baisers. Papa ne sera plus marin, lui et Paul resteront toujours avec nous ; c’est papa qui sera notre maître. C’est cela, n’est-ce pas, Paul ?

PAUL.

Oui, oui, ton cœur a deviné, ma petite sœur, chérie.

Et moi donc ? qu’est-ce que je deviens dans tout cela ? demanda Sophie ; c’est joli, monsieur, de m’oublier dans un pareil moment !

PAUL.

Tiens ! je peux bien t’avoir oubliée un instant, toi qui m’as oublié pendant cinq ans.

SOPHIE.

Oh ! mais moi j’étais petite.