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LES VACANCES.

en fit le tour et parut satisfait de son examen. « Apportez-moi des draps et à souper, dit-il, des bougies pour remplacer ce bougeoir qui va bientôt s’éteindre ; et aussi mes pistolets, Joseph, et de quoi les recharger. » Les domestiques se retirèrent pour exécuter les ordres de leur maître ; l’hôtesse les accompagna avec empressement, mais elle ne revint pas avec eux quand ils rapportèrent les armes du maréchal et tout ce qu’il avait demandé. « Et notre hôtesse, Joseph ? Elle ne vient donc pas ? J’aurais quelques questions à lui adresser ; cette tapisserie me semble curieuse. — Elle n’a jamais voulu venir, monsieur le marquis. Elle dit qu’elle a eu trop peur, qu’elle a entendu les esprits chuchoter et siffler à son oreille, dans l’escalier et dans la chambre, et qu’on la tuerait plutôt que de l’y faire rentrer. — Sotte femme ! dit le maréchal en riant. Servez-moi le souper, Joseph ; et vous, Pierre faites mon lit et allumez les bougies. Ouvrez les fenêtres ; ça sent le moisi à suffoquer. » On eut quelque peine à ouvrir les fenêtres, fermées depuis des années : il faisait humide et froid ; la cheminée était pleine de bois ; le maréchal fit allumer un bon feu, mangea avec appétit du petit salé aux choux, une salade au lard fondu, fit fermer ses croisées, examina ses pistolets, renvoya ses gens