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LES VACANCES.

sont pas de trop ; quant à mes camarades, ils savent ce que j’ai à dire. »

Et Paul raconta, sans rien omettre, tout ce qui s’était passé entre lui, Jacques et Léon.

« Je vous le dis, mon père, pour que vous sachiez comme jadis toutes mes actions et toutes mes pensées, et puis aussi pour que vous me disiez si j’ai mal fait, et ce que je dois faire pour réparer mon tort.

— Tu as bien fait, mon ami, tu ne devais pas faire autrement ; ton petit ami avait été battu pour nous avoir défendus contre la méchante langue de Léon ; tu devais prendre violemment parti pour lui. Tu n’as eu qu’un tort, mon enfant, et ce tort, c’est moi qui en souffre. » Paul regarda M. de Rosbourg avec surprise et effroi. M. de Rosbourg sourit, lui prit la tête entre ses mains, et le baisa au front. « Oui, comment as-tu cru un instant, un seul instant, que je te négligeais, parce que je trouvais d’autres meilleurs que toi à aimer ? Croire à un pareil sentiment, c’est me faire injure. Je t’aime de toutes les forces de mon cœur, et, je le jure, à l’égal de Marguerite ; il n’y a qu’une différence, c’est que Marguerite est nouvelle pour moi, et que toi, je te suis attaché non seulement par le cœur, mais par l’habitude, les souvenirs et la reconnaissance. Tu ne seras pas jalouse, ma