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LES VACANCES.

promit d’en fabriquer un le lendemain, et je m’étendis entre lui et le Normand ; je ne tardai pas à m’endormir. Mon père et le Normand, qui n’avaient pas dormi, pour ainsi dire, depuis quatre jours, s’endormirent aussi. Dans la nuit j’entendis ronfler le Normand, j’entendis aussi mon père parler en rêvant : « Marguerite ! Marguerite ! ma femme ! mon enfant ! »

Le lendemain, mon père et le Normand firent une seconde chambre à la maison où nous avions passé la nuit, comme ils l’avaient promis au roi, puis ils bâtirent une autre cabane pour nous-mêmes. Le roi, impatient de s’installer dans son nouveau palais, y fit apporter tout de suite les nattes et les calebasses qui formaient son mobilier ; il avait aussi quelques noix de coco sculptées, des coquilles travaillées, des flèches, des arcs et des massues. Mon père tailla quelques chevilles, qu’il enfonça dans les intervalles des arbres, et il suspendit à ces clous de bois les armes et les autres trésors du roi, qui fut si enchanté de cet arrangement, qu’il appela tous les sauvages pour l’admirer. Leur respect pour mon père augmenta encore après l’examen des chevilles. Ils ne pouvaient comprendre comment ces chevilles tenaient ; mon père, voyant leur inquiétude, en fit une devant eux et l’enfonça dans une fente, à leur