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LES VACANCES.

posèrent en travers sur les murs formés par les arbres. Ils relièrent ensuite avec des lianes les bouts des feuilles de cocotier, et les attachèrent de place en place aux arbres qui formaient les murs. Ensuite, ils bouchèrent avec de la mousse, des feuilles et de la terre humide, les intervalles et les trous qui se trouvaient entre les arbres. Je les aidai dans cette besogne ; mes petits amis les sauvages voulurent aussi nous aider et furent enchantés d’avoir réussi, il ne s’agissait plus que de faire une porte. Mon père alla couper quelques branches longues et minces et se mit à les entrelacer comme on fait pour une claie. Quand il en eut attaché avec des lianes une quantité suffisante, lui et le Normand tirèrent leurs couteaux de leurs poches, et se mirent à tailler une porte de la grandeur de l’ouverture qu’ils avaient laissée. Ils l’attachèrent ensuite aux murs, comme on attache un couvercle de panier. Les sauvages, qui s’étaient tenus assez tranquilles pendant le travail, ne purent alors contenir leur joie et leur admiration ; ils tournaient autour de la maison, ils y entraient, ils fermaient et ouvraient la porte comme de véritables enfants de deux ans. Le roi s’approcha de mon père, lui frotta l’oreille de la sienne, et lui fit comprendre qu’il voudrait bien avoir cette maison. Mon père le comprit, le prit par la main,