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LES VACANCES.

sauvages se précipitaient pour voir ce qu’elle avait abattu. Ils entouraient le commandant, qui ne daignait pas leur accorder un regard ; le Normand, lui, les éloignait en brandissant sa hache. Quand nous fûmes arrivés au bord de la mer, le commandant ordonna au Normand de se tenir prêt à monter avec lui dans un des plus grands canots, et fit signe aux sauvages d’en amener un près du rivage. Ils obéirent, en approchèrent un ; le commandant y entra avec moi, suivi du Normand. Il fit signe de ramer, et nous partîmes, ne sachant pas où nous allions.

Le canot était grand ; il pouvait contenir dix à douze personnes. Une foule de sauvages se précipitèrent pour y entrer ; mais lorsque les quatre premiers y eurent grimpé, le commandant cria aux autres : Arrière ! et brandit sa hache ; les sauvages s’élancèrent tous dans l’eau et gagnèrent à la nage les autres canots, dans lesquels ils entrèrent et s’arrangèrent comme ils purent. Nos sauvages se mirent à ramer ; nous fûmes bientôt en pleine mer ; ils ramèrent longtemps ; il était nuit quand nous touchâmes à une terre, je n’ai jamais su laquelle, ni le commandant non plus.

— C’est vrai, dit M. de Rosbourg ; la tempête avait tellement fait dévier ma pauvre frégate, que lorsqu’elle toucha, après avoir perdu tous ses