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LES VACANCES

Le sauvage regarda l’arbre, la hache, mon père, avec une surprise mêlée d’admiration ; il fit un bond, poussa un cri, baisa la main, toucha de cette main le pied de mon père, et s’élançant dans la direction de notre cabane, par le chemin que nous avions suivi pour nous cacher, il appela à grands cris ses compagnons. « Nous sommes découverts, dit mon père ; il ne s’agit plus de se cacher. Il faut à présent nous montrer hardiment et leur imposer par notre attitude. Que n’ai-je mon pauvre Normand ? où s’est-il fourré ? » Le commandant se dirigea vers la salle, me tenant par la main ; il tenait sa hache de l’autre. Il entra dans la salle qui se remplissait de sauvages ; à leur tête était le jeune garçon qui venait de nous quitter. « Arrière ! » cria le commandant de sa voix de tonnerre, en brandissant sa hache. Tous reculèrent. Le jeune sauvage approcha timidement, presque en rampant, baisa la main, toucha le pied du commandant et lui fit voir par gestes que ses compagnons voudraient bien voir la hache couper un arbre. Le commandant choisit un jeune cocotier et l’abattit d’un coup. Les sauvages vinrent l’un après l’autre examiner l’arbre, toucher craintivement la hache ; ensuite chacun, comme le jeune sauvage, baisait sa main et touchait le pied du commandant. Je