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LES VACANCES.

content de te voir manger et boire de bon appétit. — Oh ! mon père, je n’ai plus ni faim ni soif si je ne vous vois pas partager ces provisions. Et le bon Normand, où est-il ? — Il est allé chercher d’autres noix, s’il peut en trouver. » Je refusai de toucher à ce qui restait, et je priai si instamment le commandant de le partager au moins avec moi, qu’il finit par y consentir. Je vis avec bonheur ses lèvres desséchées par la soif se tremper dans le lait si rafraîchissant des noix de coco. Quelque temps après, le Normand revint, apportant encore quelques noix et des dattes fraîches. Nous nous en régalâmes tous les trois. Je me sentais fatigué par la chaleur. Je voyais les yeux du commandant se fermer malgré lui. Le bon Normand paraissait aussi fatigué ; je demandai si je pouvais dormir. « Dors, mon ami, répondit mon père ; nous ferons bien aussi un somme ; la nuit a été rude et la chaleur est accablante. Allons, mon Normand, étends-toi près de nous et tâchons d’oublier en dormant. » Le Normand obéit ; il s’étendit à ma gauche ; le commandant s’était couché à ma droite. Deux minutes après, je dormais profondément. Je crois que j’avais dormi longtemps, car en m’éveillant je sentis la fraîcheur du soleil couchant. J’ouvris les yeux, j’étais seul. J’eus peur et je poussai un cri. Mon