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LES VACANCES.

heures que nous avions passées sur la Sibylle et à ceux que je ne reverrais plus jamais, jamais. Le commandant me serra contre son cœur et me dit : « Paul, tu es mon fils ! je suis ton père, le seul qui te reste en ce monde ; et je jure que je serai ton père tant que je vivrai. » Il a bien tenu parole, ce bon et cher père ; vous le verrez bien par la suite de mon histoire.

M. DE ROSBOURG.

Paul, mon ami, tu racontes mal ; pourquoi diable vas-tu parler de moi quand nous étions trois sans abri, presque sans nourriture, et que tes amis attendent pour savoir comment le bon Dieu nous a tirés de là ?

PAUL.

Non, mon père, je raconte bien, car c’est mon cœur qui parle, et je serais un ingrat si je taisais toutes vos bontés pour moi.

— Papa, dit Marguerite, en se jetant à son cou, vous avez interrompu ; vous devez être mis à l’amende.

— C’est juste, dit M. de Rosbourg en l’embrassant ; que faut-il que je fasse pour ma pénitence ?

— Il faut que vous laissiez Paul parler de vous comme il l’entend et sans l’interrompre.

M. DE ROSBOURG, riant.

Diable ! la pénitence est rude ! mais c’est toi