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LES VACANCES.

PAUL.

Comment, Sophie, tu m’avais oublié ?

SOPHIE, tristement.

Oublié, non, mais tu dormais dans mon cœur, et je n’osais pas te réveiller. Je t’avais cru mort, et puis j’ai été si malheureuse que je suis devenue égoïste et je n’ai pensé qu’à moi ; j’ai perdu l’habitude de penser au passé, et à ceux qui m’avaient aimée.

JEAN.

Ne croyez pas ce qu’elle dit, Paul ; Sophie est bonne et très-bonne, elle dit toujours du mal d’elle-même. Pauvre Sophie, elle vous racontera ses trois années de malheur.

Jacques s’avança vers Paul, et se mettant sur la pointe des pieds pour l’embrasser, il lui dit :

« Je vois dans tes yeux que tu seras mon ami ; tu aimeras bien ma petite amie Marguerite, n’est-ce pas ? Nous la protégerons à nous deux quand elle en aura besoin. »

Paul embrassa Jacques en souriant et lui promit d’être son ami dévoué et celui de Marguerite.

Léon ne disait rien ; il semblait piqué de ce que Sophie n’avait ajouté aucune réflexion aimable en le nommant. Il se laissa pourtant embrasser par Paul. Camille et Madeleine souriaient et attendaient, pour faire plus ample connaissance avec