Marguerite, pour toute réponse, se jeta dans les bras de son père qui l’embrassa tant et tant que ses joues en étaient cramoisies.
Quand il eut recommencé cent et cent fois à embrasser sa femme et son enfant, il s’avança vers Sophie, et, la prenant dans ses bras, il l’embrassa deux ou trois fois.
« Pauvre petite ! dit-il. Quels affreux souvenirs elle me rappelle ! Où est son père ? Par quel hasard se trouve-t-elle avec vous ?
— Mon bon commandant, répondit Sophie, je vous expliquerai tout cela. Mon pauvre papa est mort il y a longtemps, ajouta-t-elle en baissant la voix et en essuyant une larme ; mais Paul, mon cher Paul, où est-il ? Vit-il encore ?
Paul est un grand et beau garçon, ma chère enfant ; il est ici ; il déballe et range nos affaires.
Oh !… que je voudrais le voir, ce cher Paul ! Dans quelle chambre est-il ? que je coure le chercher.
Près de celle de ma femme ; c’est celle qu’on m’a donnée et où Paul a monté mes effets.
Sophie courut à cette chambre ; on entendit des cris de joie, des gambades, des rires, et bientôt on vit accourir Sophie entraînant Paul, un peu