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LES VACANCES.

« Merci, mon brave Lecomte, lui dit-elle en le congédiant. Jamais je ne pourrai assez vous témoigner ma reconnaissance de l’attachement, du dévouement que vous avez montrés à mon mari. Je suis doublement heureuse d’avoir pu être utile à votre digne femme et à votre excellente Lucie.

— Pardon, si j’interromps madame, s’écria vivement Lecomte. Utile ! Vous appelez cela utile ? Mais vous avez été une providence pour elles ; vous les avez sauvées de la mort, tirées de la misère ; vous les avez soutenues, nourries ; vous avez fait apprendre un état à ma Lucie ; vous avez été leur sauveur et le mien. Oh ! chère dame, à moi, oui, à moi, à vous honorer comme une providence, à vous remercier à deux genoux. »

Et, en achevant ces mots, Lecomte se jeta à genoux devant Mme  de Rosbourg et baisa le bas de sa robe. Mme  de Rosbourg, attendrie, lui prit les mains et les lui serra. En se relevant, il osa y porter les lèvres. Effrayé de sa hardiesse, il leva les yeux vers Mme  de Rosbourg, qui souriait en lui faisant un signe d’adieu amical. Il sortit, ému et heureux.