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LES VACANCES.

— Entrez, » dit-elle d’une voix émue.

La porte s’ouvrit ; Lecomte entra ; il osait à peine lever les yeux sur Mme de Rosbourg, qui, pâle et tremblante, s’avançait pourtant avec rapidité vers lui. Elle voulut lui parler, l’interroger ; les larmes lui coupèrent la parole ; elle prit les grosses mains rugueuses de Lecomte et les serra dans les siennes.

LECOMTE.

Madame, ma chère dame, je devrais être à vos pieds pour vous remercier de tout ce que vous avez fait pour ma femme et mon enfant !

Tout en parlant, il l’avait respectueusement soutenue et placée sur un fauteuil. Mme de Rosbourg sanglotait.

« Pardonnez-moi… cette faiblesse… dit-elle d’une voix entrecoupée par ses sanglots. La vue de l’ami dévoué, du compagnon de mon mari, m’a ôté tout courage. Mais… je saurai me vaincre… ayez patience… quelques minutes encore… et je pourrai vous interroger, savoir de vous quelles doivent être mes craintes, quelles peuvent être mes espérances.

LECOMTE.

Oh ! ne vous gênez pas, ma bonne chère dame ! Je vous regarderai pleurer ; ça me fera du bien. Vrai, ça me fait plaisir de vous voir pleurer ainsi