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LES VACANCES.

table et par terre. On avait installé Sophie dans un fauteuil, et elle commença au milieu d’un grand silence.

« J’étais bien petite, car j’avais à peine quatre ans, et j’avais tout oublié ; mais à force de chercher à me rappeler, je me suis souvenue de bien des choses, et entre autres de la visite d’adieu que je vous ai faite avec mon pauvre petit cousin Paul, maman et ma tante d’Aubert.

CAMILLE.

Ton papa était parti, je crois ?

SOPHIE

Il nous attendait à Paris. J’étais contente de partir, de voyager. Maman me dit que nous monterions sur un vaisseau. Je n’en avais jamais vu, ni Paul non plus. Puis, j’aimais beaucoup Paul, et j’étais bien, bien contente de ne pas le quitter. Je ne me rappelle pas ce que nous avons fait à Paris ; je crois que nous n’y sommes restés que quelques jours. Puis nous avons voyagé en chemin de fer ; nous avons couché dans une auberge, à Rouen, je crois, et nous sommes arrivés le lendemain dans une grande ville qui était pleine de perroquets, de singes. J’ai demandé à maman de m’en acheter un ; elle n’a pas voulu.

Je ne me rappelle pas trop ce qui arriva sur le vaisseau ; je me souviens seulement d’un excellent