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LES VACANCES.

Camille et Madeleine racontaient à leurs cousins, tout en marchant, comment elles avaient trouvé dans cette même forêt du moulin une petite fille désolée, parce que sa maman était malade et mourait de faim ; comment Mme  de Rosbourg les avait secourues et établies dans la maison blanche du village[1], quand elle avait appris que le mari de cette femme, qui s’appelait Lecomte, avait été embarqué sur le bâtiment de M. de Rosbourg, et comment Lucie, qui était une excellente fille, travaillait pour faire vivre sa mère, que le chagrin avait affaiblie au point de la rendre incapable d’aucun travail suivi : elle filait et faisait du linge chez elle pendant que Lucie allait en journées pour coudre, repasser, savonner.

Quand on fut arrivé à l’entrée du village, à cent pas de la maison blanche, MM. de Rugès et de Traypi forcèrent Lecomte à s’arrêter ; les enfants restèrent près de lui pour le distraire et le retenir, pendant que ces messieurs allaient préparer la femme Lecomte au retour de son mari.

Lecomte attendait avec anxiété le retour de ces messieurs ; il répondait à peine aux questions des enfants, lorsqu’une jeune fille de quatorze à quinze ans se trouva près d’eux ; elle venait d’un

  1. Voyez les Petites filles modèles, du même auteur.