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Camille, hésitant.

Je…, je… ne crois pas, madame…, je… ne dois pas dire…

Madame Fichini, riant aux éclats.

Ha, ha, ha ! c’est comme Sophie, qui vole et mange mes fruits et qui ment ensuite. Ha, ha, ha ! ce petit ange qui ne vaut pas mieux que mon démon ! Ha, ha, ha ! fouettez-la, chère madame, elle avouera.

Camille, avec vivacité.

Non, madame, je ne fais pas comme Sophie ; je ne vole pas, et je ne mens jamais !

Madame de Fleurville.

Mais pourquoi, Camille, si tu sais ce que sont devenues ces poires, ne veux-tu pas le dire ?

Camille baissa les yeux, rougit et répondit tout bas : « Je ne peux pas. »

Mme de Rosbourg avait une telle confiance dans la sincérité de Camille, qu’elle n’hésita pas à la croire innocente ; elle soupçonna vaguement que Camille se taisait par générosité ; elle le dit tout bas à Mme de Fleurville, qui regarda longuement sa fille, secoua la tête et s’éloigna avec Mme de Rosbourg et Mme Fichini. Cette dernière riait toujours d’un air moqueur. La pauvre Camille, restée seule, fondit en larmes.

Elle sanglotait depuis quelques instants, lorsqu’elle s’entendit appeler par Madeleine, Sophie et Marguerite.