La colère de Sophie fut alors à son comble ; elle levait la main pour frapper Camille, lorsqu’elle réfléchit qu’une scène attirerait l’attention et qu’elle serait surprise avec les poires. Elle abaissa son bras levé, tourna le dos à Camille, et, s’échappant par une porte du potager, courut se cacher dans un massif pour manger les fruits dérobés.
Camille resta immobile, regardant Sophie qui s’enfuyait ; elle ne s’aperçut pas du retour de toute la société et de la surprise avec laquelle la regardaient sa maman, Mme de Rosbourg et Mme Fichini.
« Hélas ! chère madame, s’écria Mme Fichini, deux de vos belles poires ont disparu ! »
Camille tressaillit et regarda le poirier, puis ces dames.
« Sais-tu ce qu’elles sont devenues, Camille ? » demanda Mme de Fleurville.
Camille ne mentait jamais.
« Oui, maman, je le sais.
— Tu as l’air d’une coupable. Ce n’est pas toi qui les as prises ?
— Oh non ! maman.
— Mais alors où sont-elles ? Qui est-ce qui s’est permis de les cueillir ? » Camille ne répondit pas.
Réponds, ma petite Camille ; puisque tu sais où elles sont, tu dois le dire.