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en repoussant Marguerite et la jetant à terre ; j’ai abusé de ma force, j’ai froissé tous tes bons et affectueux sentiments. Tu as bien fait de me donner un soufflet ; je l’ai mérité, bien mérité. Et toi aussi, ma bonne petite Marguerite, pardonne-moi ; sois généreuse comme Camille. Je sais que je suis méchante ; mais, ajouta-t-elle en fondant en larmes, je suis si malheureuse ! »

À ces mots, Camille, Madeleine, Marguerite se précipitèrent vers Sophie, l’embrassèrent, la serrèrent dans leurs bras.

« Ma pauvre Sophie, disaient-elles toutes trois, ne pleure pas, nous t’aimons bien ; viens nous voir souvent, nous tâcherons de te distraire. »

Sophie sécha ses larmes et essuya ses yeux.

« Merci, mille fois merci, mes chères amies, je tâcherai de vous imiter, de devenir bonne comme vous. Ah ! si j’avais comme vous une maman douce et bonne, je serais meilleure ! Mais j’ai si peur de ma belle-mère ; elle ne me dit pas ce que je dois faire, mais elle me bat toujours.

— Pauvre Sophie ! dit Marguerite. Je suis bien fâchée de t’avoir détestée.

— Non, tu avais raison, Marguerite, parce que j’ai été vraiment détestable le jour où je suis venue. »

Camille et Madeleine demandèrent à Sophie de leur permettre d’achever un devoir de calcul et de géographie.