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détonation se fit entendre. La mère roula morte à l’entrée du chêne creux ; les petits, voyant leur mère arrêtée, s’arrêtèrent également.

Le garde, qui avait tiré son coup de fusil sur la mère, se précipita sur les petits et les jeta dans son carnier.

Camille, Madeleine et Marguerite accoururent.

« Pourquoi avez-vous tué cette pauvre bête, méchant Nicaise ? » dit Camille avec indignation.

Madeleine.

Les pauvres petits vont mourir de faim à présent.

Nicaise.

Pour cela non, mademoiselle ; ce n’est pas de faim qu’ils vont mourir : je vais les tuer.

Marguerite, joignant les mains.

Oh ! pauvres petits ; ne les tuez pas, je vous en prie, Nicaise.

Nicaise.

Ah ! il faut bien les faire mourir, mademoiselle ; c’est mauvais, le hérisson : ça détruit les petits lapins, les petits perdreaux. D’ailleurs, ils sont trop jeunes ; ils ne vivraient pas sans leur mère.

Camille.

Viens, Madeleine ; viens, Marguerite ; allons demander à maman de sauver ces malheureuses petites bêtes. »

Toutes trois coururent au salon, où travaillaient Mme de Fleurville et Mme de Rosbourg.