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qui rougit aussi et qui s’agite, dans la crainte que Madeleine ne paraisse capricieuse et ne soit grondée.

Mme de Fleurville se doute qu’il y a quelque chose qu’on lui cache, et n’insiste plus.

Le dessert arrive ; on apporte une superbe corbeille de pêches et une corbeille de raisin ; les yeux de Camille se remplissent de larmes ; elle pense avec chagrin que c’est pour elle que sa sœur se prive de si bonnes choses. Madeleine soupire en jetant sur les deux corbeilles des regards d’envie.

« Veux-tu commencer par le raisin ou par une pêche, Madeleine ? demanda Mme de Fleurville.

— Merci, maman, je ne mangerai pas de dessert.

— Mange au moins une grappe de raisin, dit Mme de Fleurville de plus en plus surprise ; il est excellent.

— Non, maman, répondit Madeleine qui se sentait faiblir à la vue de ces beaux fruits dont elle respirait le parfum ; je suis fatiguée, je voudrais me coucher.

— Tu n’es pas souffrante, chère petite ? lui demanda sa mère avec inquiétude.

— Non, maman, je me porte très bien ; seulement je voudrais me coucher. »

Et Madeleine, se levant, alla dire adieu à sa maman et à Mme de Rosbourg ; elle allait embrasser Camille, quand celle-ci demanda d’une voix tremblante à Mme de Fleurville la permission de suivre