Page:Ségur - Les petites filles modèles.djvu/52

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Camille.

Je t’en supplie, ma petite Marguerite, tais-toi jusqu’après le départ de Mme Fichini. »

Marguerite baisa la main de Camille et se tut.

Mme de Fleurville voyait bien qu’il s’était passé quelque chose qui avait excité la colère de Camille, toujours si douce ; mais elle devinait qu’on ne voulait pas le raconter, par égard pour Sophie. Pourtant elle voulait donner satisfaction à Mme Fichini et punir Camille de cette vivacité inusitée ; elle lui dit d’un air mécontent :

« Montez dans votre chambre, mademoiselle ; vous ne descendrez que pour dîner, et vous n’aurez ni dessert ni plat sucré. »

Camille fondit en larmes et se disposa à obéir à sa maman ; avant de se retirer, elle s’approcha de Sophie, et lui dit : « Pardonne-moi, Sophie ; je ne recommencerai pas, je te le promets. »

Sophie, qui au fond n’était pas méchante, embrassa Camille, et lui dit tout bas :

« Merci, ma bonne Camille, de n’avoir pas dit que j’avais poussé Marguerite ; ma belle-mère m’aurait fouettée jusqu’au sang. »

Camille lui serra la main et se dirigea en pleurant vers la maison. Madeleine et Marguerite pleuraient à chaudes larmes de voir pleurer Camille. Marguerite avait bien envie d’excuser Camille en racontant ce qui s’était passé ; mais elle se souvint