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Calino obéissait d’un air indifférent.

Marguerite passait avec effort la couronne à moitié, Calino donnait un coup de tête : la couronne tombait encore.

« Mauvaise bête ! entêté, désobéissant ! » dit Marguerite en lui donnant une petite tape sur la tête.

Au même moment, un chien jaune, qui s’était approché sans bruit, donna un coup de dent à Calino. Marguerite voulut le chasser : le chien jaune se jeta sur elle et lui mordit la main ; puis il continua son chemin la queue entre les jambes, la tête basse, la langue pendante. Marguerite poussa un petit cri ; puis, voyant du sang à sa main, elle pleura.

Camille et Madeleine s’étaient levées précipitamment au cri de Marguerite. Camille suivit des yeux le chien jaune ; elle dit quelques mots tout bas à Madeleine, puis elle courut chez Mme de Fleurville.

« Maman, lui dit-elle tout bas, Marguerite a été mordue par un chien enragé. »

Mme de Fleurville bondit de dessus sa chaise.

« Comment sais-tu que le chien est enragé ?

— Je l’ai bien vu, maman, à sa queue traînante, à sa tête basse, à sa langue pendante, à sa démarche trottinante ; et puis il a mordu Calino et Marguerite sans aboiement, sans bruit ; et Calino, au lieu de se défendre ou de crier, s’est étendu à terre sans bouger.