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tons la selle sur le bourri noir : il n’est pas si méchant qu’il en a l’air ; je le connais, c’est un bon bourri.

— Fais, mon garçon, fais comme tu l’entends. » Quand les enfants et leurs mamans revinrent, elles trouvèrent les ânes sellés, prêts à partir. Sophie se dirigeait vers son gris clair et fut surprise de lui voir le bât aux provisions. Nicaise lui expliqua que son garçon ne voulait pas que mam’selle Camille restât en arrière.

« Mais c’était mon âne, et pas celui de Camille.

— Faites excuse, mam’selle ; mam’selle Camille a dit à mon garçon que ce serait le sien pour revenir. Mais n’ayez pas peur, mam’selle, le bourri noir n’est pas méchant ; c’est un air qu’il a ; faut pas le craindre : il vous mènera bon train, allez. »

Sophie ne répliqua pas : dans son cœur elle se comparait à Camille ; elle reconnaissait son infériorité ; elle demandait au bon Dieu de la rendre bonne comme ses amies, et ses réflexions devaient lui profiter pour l’avenir. Camille voulut lui donner son âne, mais Sophie ne voulut pas y consentir et sauta sur l’âne noir. Tous partirent au trot, puis au galop ; le retour fut plus gai encore que le départ, car Sophie ne resta pas en arrière. On rentra pour l’heure du dîner ; les enfants, enchan-