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Sophie, avec empressement.

J’en ai déjà pris un, madame : le gris clair ; j’ai attaché sur la selle mon chapeau et mon châle.

Madame de Fleurville.

Comme tu t’es pressée de choisir celui que tu crois être le meilleur, Sophie ! Ce n’est pas très aimable pour tes amies, ni très poli pour Mme de Rosbourg et pour moi. Mais, puisque tu as fait ton choix, tu garderas ton âne, et peut-être t’en repentiras-tu. »

Sophie était confuse ; elle sentait qu’elle avait mérité le reproche de Mme de Fleurville, et elle aurait donné beaucoup pour n’avoir pas montré l’égoïsme dont elle ne s’était pas encore corrigée. Camille et Madeleine ne dirent rien et montèrent sur les ânes qu’on leur désigna ; Marguerite jeta un regard souriant à Sophie, réprima une petite malice qui allait sortir de ses lèvres, et sauta sur son petit âne.

Toute la cavalcade se mit en marche : Mmes de Fleurville et de Rosbourg en tête, Camille, Madeleine, Marguerite et Sophie les suivant, Nicaise et son fils fermant la marche avec l’âne aux provisions.

On commença par aller au pas, puis on donna quelques petits coups de fouet, qui firent prendre le trot aux ânes ; tous trottaient, excepté celui de Sophie, qui ne voulut jamais quitter son camarade