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bien que toi réprimer son impatience, tu lui as dit plusieurs choses blessantes qui l’ont mise en colère : c’est mal, et j’en suis peinée ; je croyais à ma petite Marguerite un meilleur cœur et plus de générosité.

Marguerite, courant se jeter dans ses bras.

Ma chère, ma bonne maman, pardonnez à votre petite Marguerite ; ne soyez pas chagrine, je sens la justesse de vos reproches, et j’espère ne plus les mériter à l’avenir. (Allant à Sophie.) Pardonne-moi, Sophie ; sois sûre que je ne recommencerai plus, et, si jamais il m’échappe une parole méchante ou moqueuse, rappelle-moi que je fais de la peine à maman : cette pensée m’arrêtera certainement. »

Sophie, apaisée par les reproches adressés à Marguerite et par la soumission de celle-ci, l’embrassa de tout son cœur. Le dîner fut annoncé, et on lui fit honneur ; la soirée se passa gaiement ; Sophie contint son impatience et se mêla avec entrain aux projets formés pour le lendemain. La nuit ne lui parut pas longue, puisqu’elle dormit tout d’un somme jusqu’à huit heures, moment où sa bonne vint l’éveiller. Quand sa toilette fut faite, elle courut à la fenêtre et vit avec bonheur sept ânes sellés et rangés devant la maison. Elle descendit précipitamment et les examina tous.

« Celui-ci est trop petit, dit-elle ; celui-là est trop laid avec ses poils hérissés ; ce grand gris a