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Sophie.

Eh bien, où est le mal ? je dis tout haut ce que vous pensez tout bas.

Marguerite.

Mais pas du tout ; nous ne le pensons pas du tout ! N’est-ce pas, Camille ? n’est-ce pas, Madeleine ?

Camille, un peu embarrassée.

Nous qui sommes plus âgées, nous savons mieux attendre.

Marguerite, vivement.

Et moi qui suis plus jeune, est-ce que je n’attends pas ?

Sophie, avec une révérence moqueuse.

Oh ! toi, nous savons que tu es une perfection, que tu as plus d’esprit que tout le monde, que tu es meilleure que tout le monde !

Marguerite, lui rendant sa révérence.

Et que je ne te ressemble pas, alors ? »

Mme de Rosbourg avait entendu toute la conversation du bout du salon, où elle était occupée à peindre ; elle ne s’en était pas mêlée, parce qu’elle voulait les habituer à reconnaître d’elles-mêmes leurs torts ; mais, au point où en était venue l’irritation des deux amies, elle jugea nécessaire d’intervenir.

Madame de Rosbourg.

Marguerite, tu prends la mauvaise habitude de te moquer, de lancer des paroles piquantes, qui blessent et irritent. Parce que Sophie a su moins