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mille. Mme de Fleurville voulait aussi renvoyer Élisa, de peur de la contagion, mais Élisa s’y refusa obstinément.

Élisa.

Jamais, madame, je n’abandonnerai ma pauvre malade ; quand même je devrais gagner la petite vérole, je ne manquerai pas à mon devoir.

Camille.

Ma bonne Élisa, je sais combien tu m’aimes, mais, moi aussi je t’aime, et je serais désolée de te voir malade à cause de moi.

Élisa.

Ta, ta, ta ; restez tranquille, ne vous inquiétez de rien ; ne parlez pas ; si vous vous agitez, le mal de tête reviendra.

Camille sourit et remercia Élisa du regard ; ses pauvres yeux étaient à moitié fermés ; son visage était couvert de boutons. Quelques jours après les boutons séchèrent, et Camille put quitter son lit ; il ne lui restait que de la faiblesse.

Le médecin ne vint que le soir.

Pendant sa maladie, Madeleine, Marguerite et Sophie demandaient sans cesse de ses nouvelles ; on leur défendit d’approcher de la chambre de Camille, mais elles pouvaient voir Élisa et lui parler ; vingt fois par jour, quand elles entendaient sa voix dans la cuisine ou dans l’antichambre, elles accouraient pour s’informer de leur chère Camille ; elles lui envoyaient des découpures, des dessins, de petits paniers en jonc, tout ce qu’elles pensaient