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déchirés et salis ? Je parie qu’elles vont nous raconter des aventures plus graves que tu ne le supposes.

Camille.

Que je voudrais qu’elles fussent éveillées !

Madame de Fleurville.

Précisément les voici.

Mme de Rosbourg entra, tenant Marguerite par la main.

Madame de Fleurville.

Et Sophie ? est-ce qu’elle dort encore ?

Madame de Rosbourg.

Elle s’éveille à l’instant et se dépêche de s’habiller et de manger pour venir nous joindre.

Camille, embrassant Marguerite.

Chère petite Marguerite, raconte-nous ce qui t’est arrivé, et si vous avez eu des dangers à courir.

Marguerite fit le récit de toutes leurs aventures : elle raconta sa répugnance à partir ; sa peur quand elle se vit perdue ; sa désolation de l’inquiétude qu’elle avait dû causer au château ; sa frayeur quand le jour commença à tomber ; la faim, la soif, la fatigue qui l’accablaient ; son bonheur en trouvant de l’eau ; sa terreur en entendant remuer les feuilles sèches, en sentant un souffle chaud sur son cou et en voyant passer un gros animal brun ; son épouvante en entendant les branches craquer et de légers grognements répondre de