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fauteuil et ne trouva pas la force de prononcer une parole.

« Maman, chère maman, s’écria Marguerite, parlez-moi, embrassez-moi, dites que vous me pardonnez.

— Malheureuse enfant, répondit Mme de Rosbourg d’une voix émue, en la saisissant dans ses bras et en la couvrant de baisers, comment as-tu pu me causer une si terrible inquiétude ? Je te croyais perdue, morte ; nous t’avons cherchée jusqu’à la nuit ; maintenant encore on vous cherche avec des flambeaux dans toutes les directions. Où as-tu été ? Pourquoi reviens-tu si tard ?

— Chère madame, dit Sophie, qui était restée à genoux aux pieds de Mme de Rosbourg, c’est à moi à demander grâce, car c’est moi qui ai entraîné Marguerite à m’accompagner. Je voulais aller chez une pauvre femme qui demeure de l’autre côté de la forêt, et je voulais aller seule avec Marguerite, pour ne partager avec personne la gloire de cet acte de charité. Marguerite a résisté ; je l’ai entraînée ; elle m’a suivie avec répugnance, et nous avons été bien punies, moi surtout, qui avais sur la conscience la faute de Marguerite ajoutée à la mienne. Nous avons bien souffert ; et jamais, à l’avenir, nous ne ferons rien sans vous consulter.

— Relève-toi, Sophie, répliqua Mme de Rosbourg avec douceur, je pardonne à ton repentir ; mais, désormais, je m’arrangerai de manière à n’a-