Et moi donc ! mes pieds me font horriblement souffrir.
Asseyons-nous un instant ; je ne peux plus marcher.
Elles s’assirent au bord du chemin ; Marguerite appuya sa tête sur ses genoux et pleura tout bas ; elle espérait que Sophie ne s’en apercevrait pas ; elle avait peur de l’affliger, car c’était Sophie qui l’avait mise et s’était mise elle-même dans cette pénible position. Sophie se désolait intérieurement et sentait combien elle avait mal agi en entraînant Marguerite à faire cette course si longue, dans une forêt qu’elles ne connaissaient pas.
Elles restèrent assez longtemps sans parler ; enfin Marguerite essuya ses yeux et proposa à Sophie de se remettre en marche. Sophie se leva avec difficulté ; elles avançaient lentement ; la fatigue augmentait à chaque instant, ainsi que l’inquiétude. Le jour commençait à baisser ; la peur se joignit à l’inquiétude ; la faim et la soif se faisaient sentir.
« Chère Marguerite, dit enfin Sophie, pardonne-moi ; c’est moi qui t’ai persuadé de m’accompagner ; tu es trop généreuse de ne pas me le reprocher.
— Pauvre Sophie, répondit Marguerite, pourquoi te ferais-je des reproches ? Je vois bien que tu souffres plus que moi. Qu’allons-nous devenir,