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trée du village en sortant de la forêt ; elle s’appelle la mère Toutain. C’est une pauvre petite vieille pas plus grande qu’un enfant de huit ans, avec de grandes mains, longues comme des mains d’homme. Elle a quatre-vingt-deux ans ; elle se tient encore droite, tout comme moi ; elle travaille le plus qu’elle peut ; mais, dame ! elle est vieille, ça ne va pas fort. Elle a une petite chaise qui semble faite pour un enfant, elle couche dans un four, sur de la fougère, et elle ne mange que du pain et du fromage, quand elle en a.

Sophie.

Oh ! que je voudrais bien la voir ! Est-ce bien loin ?

Mère Leuffroy.

Pour ça non, mam’selle : une demi-heure de marche au plus. Vous irez bien en vous promenant.

Sophie ne dit plus rien, mais elle forma en elle-même le projet d’y aller ; et, pour en avoir seule le mérite, elle résolut de le faire sans aide, sans en parler à personne, sinon à Marguerite, avec laquelle elle était plus particulièrement liée ; d’ailleurs, elle craignait que Camille et Madeleine, qui ne faisaient jamais rien sans demander la permission à leur maman, ne l’empêchassent de s’éloigner sans sa bonne. Elle attendit donc que Marguerite fût seule pour lui raconter ce qu’elle savait de la