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Lucie.

Oh ! que oui, mademoiselle ; j’ai fait des choses plus difficiles que cela, quand nous avions de quoi. Pendant que maman travaillait, je faisais tout le ménage. »

Mme de Fleurville et les enfants rentrèrent au château pour les leçons, qui avaient été un peu négligées la veille. Mme de Rosbourg revint à midi ; elle demanda et obtint un dernier congé pour aider à placer et à ranger le mobilier de la maison blanche. Élisa, qui était fort complaisante et fort adroite, fut encore mise en réquisition par Mme de Rosbourg et les enfants, et l’on retourna après déjeuner chez Françoise, les enfants courant et sautant le long du chemin. Elles trouvèrent la mère et la fille folles de joie devant tous leurs trésors. Meubles, vaisselle, linge, vêtements, rien n’avait été oublié. Ce fut une longue occupation de tout mettre en place. On courut chercher le menuisier pour clouer des planches ; des clous à crochet. On accrocha et l’on décrocha dix fois les casseroles, les miroirs ; presque tous les meubles firent le tour des chambres avant de trouver la place où ils devaient rester ; chacune donnait son avis, criait, tirait, riait. Tout l’après-midi suffit à peine pour tout mettre en place. Jamais Lucie n’avait été si heureuse, son cœur débordait de joie ; de temps à autre elle se jetait à genoux et s’écriait : « Mon Dieu, je vous remercie ! Mes chères dames, que je vous